En somme, la limitation à deux quinquennats présidentiels non renouvelables, demeure, en Afrique, le seul moyen de répondre aux alternances, aux usures de pouvoir et permet de faire vivre la démocratie.
Selon la Déclaration Universelle sur la Démocratie, « la démocratie est universellement reconnue comme un idéal et un but; elle est basée sur des valeurs communes partagées par les peuples du monde malgré leurs différences culturelles, politiques, sociales et économiques ».
Cette définition claire entraîne pourtant des confusions, dans la pratique et dans les analyses, puisque ce concept désigne trois faits différents que mêlent les uns pour des raisons politiques et les autres par soucis de performance scientifique :
• La démocratie comme processus implique les mécanismes, les procédures et les formalités de l’organisation politique aux élections;
• La démocratie comme un état implique une société civile et sa gouvernance; et
• La démocratie comme un résultat découle d’un état ou est un produit du processus démocratique en soi.
Développer la démocratie dans le monde, est une injonction de la Communauté internationale et une exigence de la bonne gouvernance. Or en Afrique, les relations complexes entretenues entre opposition et pouvoir d’une part et d’autre part, entre les différentes communautés ethniques, nécessitent un compromis gagnant-gagnant sur le pouvoir. Or, depuis l’instauration des démocraties en Afrique, de nombreuses guerres civiles à connotation politico-ethniques naissent dans le continent, mettant ainsi en panne le fonctionnement démocratique.
En Afrique, il nous faut distinguer deux Afriques, celle où la démocratie s’enracine progressivement, et l’autre, celle tenue par les dictateurs et les présidences à vie.
C’est cette deuxième catégorie qui nous intéresse dans ce qui suit: Les derniers évènements en Côte d’Ivoire, ne doivent pas nous laisser indifférent, les africains ne cessent de se découvrir, en effet, après le Kenya considéré comme havre de paix, pays très touristique où de nombreux étrangers ont visité ce pays en toute quiétude qui avait, enfin, brisé l’image de la paix, aujourd‘hui la Côte d’Ivoire réellement considérée comme havre de paix, la question de l’ivoirité, qui est une conséquence de la démocratie mal intégrée, avait fait basculer la Côte d’Ivoire dans un cycle de violence entre le Nord et le Sud, suivie par cette crise postélectorale qui donne deux présidents et deux Gouvernements au pays de Papa Phelix.
Et pourtant, le principe de la démocratie est simple, le pouvoir d’un dirigeant ne serait qu’un pouvoir délégué par le peuple souverain, dans ce sens, le pouvoir devrait prendre l’apparence d’un pouvoir sans domination et sans écrasement du peuple souverain, le respect de la reconnaissance du peuple souverain est un des fondements des libertés du peuple. Le pouvoir perd ainsi son autonomie et dépend du peuple.
En finalité, l’avantage de la démocratie permet à une compétition démocratique et honnête, dont, il sortira de l’émulation (vote) dû au peuple souverain, le moins mauvais qui assurera la destinée nationale.
En Afrique, ce principe élémentaire a laissé la place à la confiscation du pouvoir par le biais des armes, à la corruption des consciences des opposants qui n’ont pas de moyens suffisants d’existence et par les modifications des constitutions. Ainsi l’honneur laisse la place au déshonneur. Résultat, la crise de confiance en politique prend effet en même temps que le déficit démocratique.
Ce déficit démocratique, à l’approche des élections, conduit, toujours, à une prudence de l’opposition, et efface l’espoir ou l’optimisme des sociétés africaines de la démocratie, et la valeur de la paix se trouve écarter, et pourtant, la paix est la valeur consensuelle et contractive entre deux forces.
Deux constats se distinguent dans le continent africain :
• L’opposition est traquée, intimidée par le pouvoir et devient résignée, la presse est muselée, le pouvoir politique n’a plus de contre poids. Dans un tel contexte la démocratie est confisquée, et toutes les atteintes sont possibles (droits de l’homme, Impunités, corruption, fraude).
• L’opposition présente une force politique incontournable qui est capable de contribuer à la recomposition du paysage politique et le manque du respect du jeu démocratique par les dictatures de présidence à vie créent des forces sociales et populaires incontrôlées d’où l’explosion de la violence et des troubles politico-ethniques.
On a tous compris que l’alternance démocratique a cédé sa place à la présidence à vie, dont la conséquence est l’usure du pouvoir.
L’usure du pouvoir se caractérise par la perte du contact avec la réalité, et se traduit le plus souvent par une perte de légitimité vis à vis des citoyens. Un pouvoir usé ne s’en rend plus compte de son bilan catastrophique, généralement, il se fond sur des jugements insensés et la fuite en avant devient l’ultime bataille.
Or, gouverner un pays, nécessite la crédibilité et la légitimité populaire, c’est ainsi, nous pouvons constater, par exemple, au Canada et en Grande Bretagne : Le Premier ministre Jean Chrétien, comme le Premier ministre Tony Blair, se sont résignés au verdict populaire sur l’usure, c’est pourquoi, ils avaient jugé nécessaire de ne pas briguer un autre mandat, malgré leurs appréciables bilans.
La longévité du pouvoir, l’articulation des différents comportements autour du pouvoir, les ambiguïtés qui existent parfois dans les discours, témoignent résolument, de la complexité des pouvoirs politiques usés et l’analyse autour de leur personnage décrit, généralement, des hommes d’état qui deviennent progressivement monarques.
En Afrique ce rêve de pouvoir illimité a maintenu les anciens rapports sociaux du monopartisme, entrainant, ainsi, à l’illusion d’un pouvoir politique héréditaire et l’illusion de nation démocratique. Il se passe, donc, en Afrique un conflit entre « l’ordre ancien », qui puisait ses excuses, dans les sociétés traditionnelles africaines, où le pouvoir est absolu, non partagé et non critiqué, et « le nouvel ordre » qui est l’aventure dans le temps et l’espace et les libertés fondamentales en utilisant les moyens modernes que nous offrent les nouvelles technologies.
De ce conflit, naissent des rebellions qui ont pour principal objectif, de briser le monopole du pouvoir détenu, injustement, par un Clan, et de mettre fin à l’usure du pouvoir.
Aujourd’hui la démocratie a été acceptée dans tous les pays africains, et dans ces nouvelles luttes contre les pouvoirs usés, des Chef d’états ont préféré lâché de reste, sous la pression de la rue, pour préserver leur vie et celle de leur progéniture, c’est le cas de la Guinée Conakry et d‘autres.
Néanmoins, il existe, encore, dans le continent, plusieurs foyers de pouvoirs usés, où les nouvelles luttes n’ont pas, encore, crée de forces centripètes et coercitives, pour permettre l’éclosion de l’alternance. Ces foyers de pouvoirs usés sont des foyers de tensions futures, allant du compromis sur l’organisation des élections aux compromis des résultats des élections.
On a tous compris qu‘un régime s’use dans le temps, pour permettre au mieux l’alternance des régimes usés, qui ont l’illusion du pouvoir à vie, il convient de limiter les mandats présidentiels.
Par ailleurs, les états africains en proie au mauvais fonctionnement de la démocratie, et qui respectent, la limitation aux mandats présidentiels, ont pu organiser les élections avec moins de fraudes possibles.
Tous les états africains qui ont dérogé à cette règle, par des modifications constitutionnelles, par les Dictateurs et par leurs assemblées croupions, sont en proie, à des violences politiques interminables et qui durent dans le temps, En somme, la limitation à deux quinquennats présidentiels non renouvelables, demeure, en Afrique, le seul moyen de répondre aux alternances, aux usures de pouvoir et permet de faire vivre la démocratie.
Tous les pays, engagés dans cette voie, sont engagés sur le chemin de la paix à court terme et pendant très longtemps. Il ne reste, donc, aux états dirigés par les dictateurs qui se réclament pour la paix, de suivre cet exemple, qui est un gage de paix et de bonne gouvernance, ainsi, ils montreront leurs volontés pour la paix et de bonne gouvernance. Les questions qui se posent à nous africains sont: Comment apprécions-nous, la notion de l’usure du pouvoir et quelle stratégie pour imposer l‘alternance en Afrique ? Le débat reste ouvert.
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