De l‘Afrique du Sud au Soudan, en passant par le Zimbabwe et la Libye, de nombreux pays africains ont subi des sanctions internationales. Mais celles-ci ne conduisent pas aux changements politiques souhaités faisant tout au plus souffrir les populations.
Au sein de la communauté internationale unanimement hostile à Laurent Gbagbo, l‘un des deux présidents proclamés de la Côte d‘Ivoire, l‘heure était aux sanctions. Objectif : obtenir le départ de celui qui, hors de son pays, n‘était plus perçu que comme un usurpateur arc-bouté contre vents et marées à un pouvoir qu‘il avait perdu lors de l‘épreuve des urnes. La secrétaire d‘Etat américaine Hillary Clinton avait même donné son feu vert pour un ensemble de mesures contraignantes contre Laurent Gbagbo et une trentaine de personnes de son entourage. Lesquels sont désormais interdits de se rendre aux Etats-Unis.
Leurs enfants et parents proches qui étudieraient aux Etats-Unis pourraient également en être expulsés. Washington avait enfin dit se réserver la possibilité de prendre des sanctions commerciales, « toutes les options » restant « sur la table », comme l‘avait indiqué William Fitzgerald, vice-secrétaire d‘Etat chargé des Affaires africaines. Les Etats-Unis suivaient ainsi la voie tracée par l‘Union européenne, qui avait déjà décidé de ne plus accueillir sur son territoire Laurent Gbagbo, son épouse Simone et dix-sept personnes de leur entourage. Une mesure qui se doublait de la possibilité de geler leurs avoirs à l‘étranger, ou de retirer à Gbagbo, sa signature sur les comptes de l‘Etat ivoirien.
De leur côté, l‘Union africaine et la CEDEAO qui avaient déclaré Laurent Gbagbo persona non grata dans leurs instances avaient annoncé qu‘elles étudiaient des possibilités de sanctions économiques contre lui. Sept ministres des Finances de l‘Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) avaient également demandé à la Banque centrale des Etats d‘Afrique de l‘Ouest (BCEAO) d‘autoriser uniquement les représentants d‘Alassane Ouattara à gérer les comptes de la Côte d‘Ivoire.
La Côte d‘Ivoire rejoint ainsi, petit à petit, le groupe des pays africains ayant connu des sanctions internationales. Quelles soient le fait d‘un seul État (sanctions bilatérales) ou de plusieurs (sanctions multilatérales) ces mesures constituent une alternative à l‘intervention militaire. Elles sont un instrument destiné à obliger ou dissuader une entité politique à faire ou à ne pas faire quelque chose, et visent soit des individus, soit le pays tout entier. Elles sont apparues en Afrique dès les années 60, lorsque les Nations unies (1962) ont décidé d‘appliquer de nombreuses restrictions commerciales à l‘Afrique du Sud, pour sanctionner sa politique d‘apartheid.
En 1965, l‘ONU réitère ce type de mesures contre la Rhodésie (Zimbabwe actuel) majoritairement peuplées de noirs mais tenue par une minorité blanche raciste, après la déclaration unilatérale d‘indépendance du chef rebelle blanc et raciste Ian Smith. Les restrictions commerciales portent notamment sur le chrome, considéré comme un minerai stratégique. Au début des années 80, l‘activisme du colonel Kadhafi, Guide libyens considéré alors comme l‘un des parrains du terrorisme international, pousse la communauté internationale à sévir contre son pays. Les sanctions onusiennes atteignent leur point culminant en 1992, lorsqu‘un embargo est décidé par le Conseil de sécurité, sur les installations pétrolières, dont l‘exploitation constitue la principale source de rentes pour la Libye.
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