Les sanctions échouent principalement à cause de l‘absence d‘unanimité des Etats dans leur application. « Il peut y avoir des pratiques de contournement des embargos par des opérateurs qui cherchent à en profiter », relève pendant l‘interview Philippe Hugon, Directeur des recherches à l‘Institut des Relations Internationales (IRIS) de Paris. Même si en Afrique du Sud, les performances économiques des années 1985-1989 s‘expliquent en partie par le fait que les sanctions ne s‘appliquaient pas à l‘or, au diamant et d‘autres métaux (le platine, le férro-chrome et le vanadium) dont regorge le pays, de nombreux chercheurs ont établi que plusieurs pays avaient contourné les restrictions commerciales qui frappaient le pays. Cela avait été le cas également en Rhodésie (Zimbabwe), où les Etats-Unis, l‘Afrique du Sud, et le Portugal avaient continué à faire commerce avec le régime raciste.
Au Soudan, L‘Union africaine a décidé de soutenir Omar el-Béchir. Lequel, bien que recherché par la Cour pénale internationale, peut librement se déplacer sur le continent. De son côté, la Chine, principal exploitant du pétrole soudanais a menacé de faire usage de son droit de veto, pour bloquer les sanctions contre ce pays. Lorsqu‘elles y trouvent leur intérêt, les grandes puissances abandonnent l‘idée de sanctions. Cela a été le cas en Mauritanie, où la France et les Etats-Unis ont finalement adoubé le général putschiste Mohammed Ould Abdel Aziz en lieu et place du président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi. A leurs yeux, il constituait le meilleur gage de l‘efficacité de la lutte contre le terrorisme dans la région.
En Côte d‘Ivoire, Laurent Gbagbo et ses alliés ne semblaient pas troublés par les mesures prises contre eux. Evoquant l‘interdiction de séjourner en Europe, son ministre de l‘intérieur, Emile Guiéroulou avait laissé entendre qu‘il « ne prend pas de vacances en Europe, alors ce n‟est même pas une vraie sanction. » « Même si cela nous coûte, nous ne céderons pas. C‟est la vie du peuple de Côte d‟Ivoire qui compte pour nous », avait-il ajouté. Cependant, l‘ONU n‘en démord pas. Porte-parole de l‘Opération des Nations unies en Côte d‘Ivoire Hamadoun Touré ne se disait pas pessimiste : « Je ne sais pas si les sanctions auront une portée importante. Cependant, on n‟a jamais vu une unanimité de la communauté internationale semblable à celle contre Laurent Gbagbo. » Le boulanger d‘Abidjan n‘avait pas encore livré toutes ses recettes.
249 Voir tous les indicateurs humanitaires et de développement via OCHA Zimbabwe.- 2012 Consolidated Appeals Process(CAP), Humanitarian Dashbord.- Page 2