La gestion de la crise ivoirienne qui a éclaté en 2002 a connu de nombreuses péripéties et a fait apparaître l‘intervention de plusieurs acteurs aussi bien nationaux qu‘internationaux. L‘une des leçons fondamentales que l‘on peut tirer de ces années de crise est qu‘aucun pays ne peut vivre tout seul. Les évènements à l‘intérieur d‘un pays ont nécessairement des répercussions sur l‘ensemble des États de la communauté internationale.
Au-delà du rapport de force qui s‘est joué en Côte d‘Ivoire, d‘abord entre Laurent Gbagbo et les Forces nouvelles, puis entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, on a pu observer une véritable interdépendance entre le local et le mondial. Depuis le début de la crise, on a vu un Laurent Gbagbo qui s‘est toujours positionné comme le défenseur de la légalité constitutionnelle et de la souveraineté du pays face aux interventions internationales. Dans sa résistance aux interventions internationales, il a su se rallier plusieurs Ivoiriens, surtout dans le milieu des jeunes, qui ont été entretenus dans l‘idée que la Côte d‘Ivoire peut vivre sans le reste du monde.
Depuis la fin de la Guerre froide en 1989, la mondialisation, en matière économique, politique et sécuritaire transforme la notion de souveraineté en ne la faisant plus dépendre exclusivement des États. Aucun pays n‘est assez fort pour arrêter la vague montante de la mondialisation. Il n‘existe pas non plus d‘alternative viable. Le défi de la Côte d‘Ivoire nouvelle n‘est donc pas de s‘inscrire dans une opposition radicale entre le local et le mondial, ni dans l‘adoption d‘une posture nationaliste ou souverainiste, mais il s‘agit de trouver une manière conciliante de gérer les rapports entre ces deux niveaux.
La Côte d‘Ivoire vit, depuis plus d‘une décennie, une crise sociopolitique dont les racines sont à rechercher dans les limites de la politique économique, fondée essentiellement sur le secteur primaire, auxquelles se sont ajoutées l‘explosion démographique, la mauvaise gouvernance économique, l‘appauvrissement des populations, la lutte de succession à Félix Houphouët-Boigny et la mauvaise appropriation des principes démocratiques. Cinquante ans après son indépendance, il est temps pour la Côte d‘Ivoire de faire un bilan de son système économique et politique et de repartir sur des bases nouvelles.