10. Gérard Zlotykamien, Ephémères, Paris, 2007 (réalisé sur le lieu d’affichage géré par l’association Le M.U.R.)
Dès le début du XXème siècle, les peintres d’atelier sont attentifs au graffiti : George Grosz les appelle « manifestations brutes de l’instinct artistique », Picasso est fasciné par les photographies de Brassaï, Dubuffet y voit des « diamants bruts » (2). Le graffiti est source d’inspiration plutôt que modèle à imiter, et on en retrouve les traces dans les œuvres d’Antoni Tàpies, Joan Miró ou encore Cy Twombly. C’est la spontanéité du geste qui intéresse ces artistes, plus que son caractère illégal ou son contexte urbain. En France, dans les années 1950, Jacques Villeglé et Raymond Hains transposent de la rue à la galerie des affiches recomposées qu’ils trouvent dans la rue [6]; le passage inverse, de la galerie à la rue, se fait notamment avec Gérard Zlotykamien, qui dessine à partir de 1962 ou 1963 ses Ephémères sur les murs et dans le métro de Paris [10]. Parallèlement, les idées situationnistes sont popularisées par les événements de mai 68, qui donnent lieu, visuellement, à une véritable explosion d’affiches dans la rue. Désormais descendu dans la rue, l’art expérimente avec quelques modes d’expression – affiches, peinture sur affiche, pochoirs hérités des punks – avant que le graffiti venu des Etats-Unis ne domine la scène.
2 Denys Riout, Qu’est ce que l’art moderne, p. 278-279
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