« Est violence institutionnelle toute action effectuée par les membres d’une institution
directement ou indirectement, physiquement ou moralement par l’usage de la force
ou par la force de l’inertie voire également par l’absence d’analyse et de traitement
des difficultés existantes, ayant des conséquences néfastes sur un individu ou sur
une collectivité. » (76)
La violence institutionnelle se construit à travers l’expérience professionnelle, selon
le « contexte organisationnel, le champ des relations interpersonnelles et du
fonctionnement psychique individuel. » (77)
« Depuis les années 80, le psychiatre Stanislas TOMKIEWICZ(78) s’était penché sur
les violences commises en institution, qu’il mit en lumière dès 1982, lors du
quatrième congrès international (…). Il fut l’initiateur des premières enquêtes sur la
question, il pensait que toute institution sécrète de la violence (…). »(79)
Comme dans la plupart des institutions d’accueil et de soins aux personnes âgées, le
Clos Saint-Rémi exerce une violence institutionnelle, souvent camouflée par le
prestige que les bâtiments offrent aux pensionnaires.
« La violence institutionnelle se situe donc à plusieurs niveaux. Elle est subie et
vécue non seulement par les usagers mais également par les professionnels. Elle
peut se traduire par des paroles agressives, mais également par des attitudes plus
passives ou fatalistes »(80).
J’ai été plusieurs fois choqué par un constat d’abandon et de négligence des
personnes totalement dépendantes. Ces personnes qui devraient faire l’objet d’un
suivi régulier sont souvent abandonnées à elles-mêmes, par exemple, pendant
plusieurs heures avec l’aérosol non débranché.
D’autres formes de violences s’exercent, toujours sur les pensionnaires incapables
de protester face à ce que l’institution leur impose. Ils ne peuvent pas sortir quand ils
veulent, ni manger aux heures qu’ils souhaitent, en plus ils sont appelés
« résidents » malgré eux.
Une forme de violence institutionnelle s’exerce aussi sur les travailleurs du Clos.
L’image de prestige et du travail bien fait que l’institution souhaite toujours avoir, met
une certaine pression sur les travailleurs. Ceux-ci sont souvent obligés de donner le
meilleur d’eux-mêmes, de peur d’être renvoyés.
Il y a aussi la violence dans l’Institution par les résidents eux-mêmes qui se traduit
par des passages à l’acte, comme le non-respect du règlement d’ordre intérieur par
exemple.
76 P. BAUDRY, C. LAGRANGE, L’institution, la violence et l’intervention sociale, IDEES 1994, p 82
77 Ibid., p 38.
78 Cité par Myriam LAGRAULA-FABRE.
79 Myriam LAGRAULA-FABRE, La violence institutionnelle : violence commise sur des personnes vulnérables
par des personnes ayant autorité, Ed. L’Harmattan 2005, p 12.
80 R. SAFI, op cit, p 70.
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