Depuis 2005, l’insertion des personnes en situation de handicap est l’une des grandes préoccupations du gouvernement. Nous avons vu qu’en matière culturelle elle a donné lieu à de nombreuses réflexions et réaménagements en terme d’accessibilité. Vouloir agir auprès des personnes sourdes en choisissant de guider en LSF c’est donc vouloir s’engager dans cette politique.
II.3.2.1 Devenir acteur dans la politique du handicap
De nombreux acteurs interviennent dans la réalisation de la politique du handicap : il est même parfois difficile de se repérer entre les différentes missions de chacun. On peut établir deux grands types d’acteurs : les acteurs institutionnels et les acteurs de terrain.
L’institution de référence pour le handicap est la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), créée par la loi du 11 février 2005, qui s’occupe entre autres de l’attribution d’allocations, d’aides et du statut de travailleur handicapé.
Concernant le handicap auditif, l’acteur qui représente les principales associations auprès des pouvoirs publics est l’Union Nationale pour l’Insertion Sociale du Déficient Auditif (UNISDA). Il gère également le centre d’Information et de Documentation sur la Déficience Auditive (IDDA) qui collecte et dispense toutes les informations concernant la surdité. On dénombre sinon plus de 400 associations concernant la déficience auditive.
Tous ces acteurs collaborent de manière transversale, à différents niveaux ; il paraît impératif de connaître certains de ces acteurs ou d’être membre de l’une de ces associations pour pouvoir agir à un quelconque niveau dans la politique du handicap. Dans tous les cas, il ne s’agit pas pour le guide-conférencier d’y consacrer sa carrière, mais bien de militer à son échelle, à travers son travail, son expérience, et les connaissances qu’il peut apporter en matière d’art (d’histoire, d’architecture, de patrimoine…) aux personnes sourdes.
II.3.2.2 Militer, à son échelle
Au fil du temps, de nombreuses personnalités ont milité pour la cause des sourds. Sourds ou entendants, ils ont tous marqué l’Histoire de la communauté et font désormais partie de la culture sourde. Le premier, l’abbé Charles-Michel de l’Epée(30), fut suivi par l’abbé Sicard (1742-1822) et Auguste Bébian (1790-1834). Un siècle plus tard, Bernard Mottez et Henri Markowicz créent un observatoire linguistique (1976). Citons aussi André Saint-Antonin (1922-2009) militant sourd bénévole qui fut sacré chevalier(31) à plusieurs reprises.
Hormis ces grandes figures, des centaines de personnes œuvrent au quotidien pour la même cause. Il n’y a pas de petites actions, et chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.
Pour le guide qui pratique la LSF, il s’agit de transmettre son savoir aux visiteurs sourds, trop longtemps oubliés des programmes culturels. En apprenant leur langue, il milite aussi pour la solidarité et une relation plus sereine entre sourds et entendants.
Par-là, il diffuse également un message aux autres citoyens et aux pouvoirs publicspour que la mobilisation reste active. En effet, il persiste encore, comme toujours, des améliorations possibles.
30 Cf. partie I.2.1.2 “La révolution de l’abbé de l’Epée”.
31 Chevalier du Mérite social en 1956, chevalier des Palmes académiques en 1958 et chevalier de l’Ordre national du Mérite en 1969.
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