Toujours dans le contexte de la Semaine de l’accessibilité au musée du Quai Branly, j’ai assisté à une conférence-débat intitulée “Négritude et surditude : histoires mêlées regards croisés sur l’anthropologie”. Cette rencontre entre l’écrivain Fabrice Bertin et la sociologue Sophie Dallé-Nazébi avait lieu dans le cadre du tricentenaire de l’abbé de l’Epée.
III.2.2.1 Un sujet très pointu
L’objet principal de cette conférence était de faire le lien entre la surditude, qui, comme la négritude (terme formulé par le poète Aimé Césaire dans les années 1930), n’est pas qu’une caractéristique physique mais bel et bien un rapport aux autres et au monde.
Comme nous l’avons souligné dans cette étude, être sourd c’est aussi s’exprimer dans une langue gestuelle, développer une pensée visuelle et décrire le monde de cette façon.
Le débat tendait à montrer, comme notre première partie, que la surdité n’est pas qu’une culture, c’est aussi une histoire et des relations avec les entendants. Et cette histoire est marquée, comme celle des noirs, par des efforts pour inscrire leur corps et leur parole dans un référentiel et des modèles qui leur sont étrangers. J’y ai découvert qu’en effet, les registres d’actions et les revendications des sourds dans l’Histoire avaient souvent fait échos à celles des noirs.
Sujet sensible mais très intéressant, je me sentais néanmoins un peu exclue du débat, n’appartenant à aucune de ces deux communautés. D’autant plus que le niveau de langue (des signes) était très élevé. Les deux animateurs du débat étaient traduits par des interprètes, donnant lieu à une sorte de discussion à quatre dans laquelle je me perdais. En effet, Fabrice Bertin était traduit par un interprète homme tandis que Sophie Dallé-Nazébi était traduite par une interprète femme, ainsi nous avions l’impression d’entendre leurs propres voix.
III.2.2.2 Guide, conférencier ou interprète ?
Cette expérience m’amena à me poser la question de la place du guide-conférencier LSF dans une conférence en langue des signes. Est-il guide ? Conférencier ? Interprète ?
Il est clair qu’on peut difficilement parler en signant : j’imagine donc que cette place dépend du rôle que l’on se voit confier dans la conférence. Ainsi, si le guide anime la conférence il aura besoin d’un interprète ; mais si cette conférence est menée par une personnalité telle qu’un artiste par exemple, alors le guide se fera interprète.
Dans tous les cas, le guidage en LSF implique une transversalité dans la manière de travailler et les différentes facettes du guide sont inextricablement liées. L’interprétariat implique néanmoins un code éthique plus strict à respecter que celui du guide : il ne doit en aucun cas prendre position dans le débat.
Ces diverses expériences au sein du musée du Quai Branly m’ont véritablement permis de mieux appréhender les enjeux et les techniques du guidage en LSF. De là, en découle une volonté de créer ma propre visite en LSF.
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