La création d’une visite en LSF demande des ajustements spécifiques dans la manière de guider. Il faudra bien entendu tenir compte de la langue et de ses spécificités, mais aussi du public et de ce que son handicap peut impliquer dans un tel déplacement.
III.3.2.1 Se perfectionner en LSF
L’une des différences principales avec le français oral c’est que de la langue des signes ne possède pas de transcription écrite. D’ailleurs, cette absence d’écrit menace la langue de perdre ses sources originelles : en effet, elle ne peut pas conserver ses premières versions contrairement à la langue orale (dont nous pouvons remonter les origines grâce aux écrits du Moyen-Age par exemple). S’il n’y a jamais réellement eu de forme écrite des signes c’est car les sourds estiment qu’aucune tentative de transcrire en deux dimensions une langue qui est en trois dimensions ne saurait produire de résultat convaincant.
La LSF, de par son indépendance vis à vis de l’écrit, évolue beaucoup plus rapidement que la langue orale : le vocabulaire est réinventé et renouvelé constamment. De plus, il faut être très attentif car il évolue différemment en fonction des pays, des régions, des villes ou même des communautés. Cette évolution rapide s’explique dans un souci d’une expression toujours plus rapide, mais aussi dans l’apparition de nouveaux concepts, technologiques ou techniques comme l’informatique par exemple. Le guide LSF devra donc impérativement se tenir toujours informé à ce sujet.
Comme pour l’apprentissage de toute langue qui n’est pas une langue maternelle, il est recommandé de multiplier les exercices en vue de progresser et de s’améliorer. Le guide pourra, de manière extra professionnelle, aller voir des pièces de théâtre en LSF, rencontrer des amis dans les cafés-signes, ou encore regarder des programmes de télévision tels que “L’œil ou la main”(36).
III.3.2.2 Respecter les règles de sécurité
La surdité étant un handicap invisible, il est impossible de distinguer de loin un groupe de visiteurs sourds d’un groupe de visiteurs entendants. Et pourtant, c’est une donnée dont le guide doit tenir compte car, le cas contraire, il peut mettre en péril le confort voire même la sécurité de son groupe.
Pour comprendre un discours en LSF, il est nécessaire de voir son interlocuteur au moins jusqu’à demi corps, sinon en entier. Un guidage en LSF optimal ne peut donc se faire qu’avec un groupe restreint de personnes.
Contrairement à un groupe d’entendants, l’on ne peut pas guider un groupe de sourds avec la voix. Il faudra donc penser à expliquer vers où l’on se dirige avant de quitter un point d’arrêt. Le guide devra également toujours veiller à regarder derrière lui lorsqu’il se déplace car si une personne reste coincée quelque part en arrière elle ne pourra ni l’appeler ni l’avertir.
Dans le cadre d’une visite en extérieur, il est plus prudent d’effectuer un repérage en amont. En effet, il est important de prévoir les lieux où l’on va s’arrêter, de sorte à ne pas se retrouver dans des rues trop exiguës où certains membres du groupe seraient obligés de déborder sur la route. Les sourds ne pouvant entendre une voiture ou tout autre véhicule arriver, il s’agit de bien donner les consignes de sécurité au préalable afin d’éviter tout incident.
36 Emission bilingue français oral – LSF présentée sur la chaîne France 5.
Retour au menu : Quels sont les enjeux du guidage en langue des signes ?