Madame Balbine était très gaie, souriante et lisait les journaux, regardait la
télévision,… A ce moment, elle ignorait la mauvaise gestion de ses revenus par ses
enfants. Quand elle a été informée de ce fait par la direction, elle a commencé à
réfléchir et à avoir peur de ce qui pourrait lui arriver. J’ai remarqué un repli sur ellemême
: elle passait des heures à réfléchir et ne lisait plus comme d’habitude.
Elle n’allumait plus sa télévision. J’ai donc commencé à la voir chaque jour pour parler
avec elle et la soutenir. Je me suis rendu compte de la subtilité de ces entretiens car
comme dit R. Mucchielli, «l’entretien de face à face joue un rôle considérable dans
notre existence professionnelle, (…), sociale en général. Le contact personnel
devient pour le responsable à tous les niveaux de responsabilité, le moyen privilégié
d’accroître la compréhension des problèmes qui se posent et il doit être utile aussi
bien à l’interviewer qu’à l’interviewé»(121).
Ce temps consacré à Madame Balbine n’était pas peine perdue. Elle a retrouvé le
sourire et j’ai pu obtenir son accord pour introduire la requête auprès du Juge de
Paix.
La plupart des pensionnaires qui n’ont plus de famille sont sous administration
provisoire de biens. Dans l’exécution de leurs tâches, le côté humain n’existe
presque pas chez ces derniers. Ils ne passent jamais visiter leur protégé, certains ne
déposent même pas les attestations de soins à la mutuelle pour les
remboursements,…
Je déplore la situation de Madame Balbine qui a encore ses enfants et qui aurait pu
éviter de voir ses biens confiés à un administrateur provisoire.
Cette situation m’amène à me poser la question de savoir quelle est la part de la
famille dans le travail fait par l’institution pour la recherche du bien-être de la
personne placée.
121 R. MUCCHIELLI, Op cit, p 4.