Une analyse de l’architecture de Rufisque fait ressortir deux types de bâtiments : des hangars
remarquables par leurs dimensions et leur appareillage en pierres calcaires, et les maisons
commerciales, anciennes propriétés des établissements d’importation d’arachide, dont les
alignements et le dessin des façades donnent un caractère exotique à la rue rufisquoise.
Ces constructions, usées par une forte exploitation ou en ruine à la suite d’un abandon, se
dégradent lentement sous l’action du temps.
Déjà la majorité des toitures sont dans un état de décrépitude très avancé. Le bois qui supporte les
tuiles mécaniques sont vieux et laissent entrevoir des parties non couvertes par celles-ci. Il en est
de même pour la structure métallique qui est attaquée par la rouille à plusieurs endroits.
Mais la dégradation de ce patrimoine est liée à des facteurs de plusieurs ordres :
Anthropiques : la principale cause de dégradation de l’architecture est imputable à
l’intervention humaine sur le monument. En effet, l’activité commerciale de Rufisque,
même si elle occupe une place centrale dans l’économie urbaine, contribue fortement à
détériorer l’image du paysage culturel. Elle a favorisé des déplacements importants
augmentant ainsi la pression humaine dans cette zone.
Les étales des commerçants, dispersés de part et d’autre, renforcent cette mauvaise image
du paysage culturel (la taudification gagne le centre-ville).
A cela s’ajoute les restaurations sauvages et multiples faites dans l’ignorance totale des
règles de l’art, le manque d’entretien par insuffisance de moyens ou par négligence.
Photo 33 : Utilisation du ciment sur un mur en pierre de Rufisque
Ces restaurations sauvages sont l’oeuvre des particuliers qui interviennent dans
l’architecture et leur importe peu la sauvegarde de l’esthétique du bâtiment : la seule règle
est de s’accommoder selon ses moyens. « Aujourd’hui, les résidents permanents
s’adaptent aux contrariétés au détriment de l’authenticité de l’architecture historique de
leur ville. Les restaurations et les réalisations bétonnées contribuent grandement à la
dénaturation du patrimoine »(29).
Naturels : en dehors de l’intervention humaine, on note également l’érosion côtière dont
les effets continuent de peser sur le patrimoine.
Photo 34 : « seccos » en ruines et structure métallique rouillée
Les vestiges de la glorieuse période coloniale, ces grands « seccos » ont subis les
agressions de la mer et il ne reste que quelques briques de « pierres de Rufisque» qui nous
rappellent le temps de la traite. Au large, on voit encore les traces des trois wharfs
d’embarcation gagnée par la mer.
Cette attaque de la mer touche également le métal principal matériau utilisé dans
l’armature des toitures de nombreux bâtiments.
La digue qui devait servir de barrière à l’avancé de la mer perd de son hauteur : à
plusieurs endroits, elle se confond presque avec le sol soit à 1 ou 2 mètres au dessus de
celui-ci.
« Les inondations des mois d’été sont dramatiques pour la conservation et le maintien de
l’architecture du Centre historique, en particulier pour le quartier Keury-souf. En effet,
pour remédier aux dégradations induites, les habitants du centre obturent les portes et
fenêtres du rez-de-chaussée en plaçant une allège construite en blocs de béton enduit et
souvent mal mise en oeuvre. Ces interventions dénaturent l’architecture des constructions
patrimoniales de l’Escale »(30).
A l’heure où la population de Rufisque regarde avec impuissance cet héritage tomber en ruine, un
ensemble de mesures a été pris pour y faire face et ces dernières entrent dans la conservation et
la valorisation du patrimoine culturel.
29 Rufisque-réalités urbaines. op. cit., p14
30 Rufisque-réalités urbaines. Idem