Afin de mieux comprendre le contexte institutionnel dans lequel s’ancre la gestion des
déchets à Besançon, il est nécessaire de retracer son cheminement historique. Ensuite, nous
étudierons les logiques aujourd’hui à l’oeuvre dans ce domaine afin de les rapprocher des politiques
de « développement durable urbain »(40) des métropoles françaises. « L’action publique en
développement durable s’inscrit dans des espaces de contraintes, qui ne correspondent pas
uniquement à des variables socio-politiques (tel le portage des dossiers par les élus) mais aussi à des
éléments morphologiques ou socio-économiques, portant la trace d’un certain passé, de longue
durée, qui imprègne le territoire. La configuration socio-spatiale de chaque localité influe ainsi sur
les conditions de faisabilité de la ville durable »(41). Avant d’aborder l’historique de la gestion des
excréta urbains à Besançon depuis l’époque romaine jusqu’à aujourd’hui, nous pouvons repérer
certains traits caractéristiques non exhaustifs qui dessinent l’ethos de la ville en matière de
développement durable et rendent compte des politiques menées au niveau de la gestion des
déchets :
– Le rattachement tardif au Royaume de France (1678) qui semble alimenter aujourd’hui
encore une logique de distinction chez certains bisontins(42) ;
– La tradition socialiste de la mairie de Besançon a permis d’assurer un « continuum
politique » favorable au développement de projets fédérateurs et novateurs en matière de
développement durable(43) ;
– Le rapport très singulier de la ville de Besançon à l’environnement : avec ses sept collines
verdoyantes et le Doubs, Besançon est résolument une ville ouverte sur la nature qui
promeut son statut de « première ville verte de France » accordé à diverses reprises par des
enquêtes de quotidiens français ;
– La proximité de la Suisse, où la redevance incitative est très développée, n’est pas sans
influence ;
– La forte tradition de luttes sociales à Besançon qui autorise un investissement militant de la
part de certains élus ou de la part d’associations prestataires.
En fait, à travers l’instauration de la redevance incitative, nous assistons aussi à la démonstration de
l’exemplarité et à l’affirmation de l’identité singulière de la commune de Besançon.
40 HAMMAN Philippe, BLANC Christine, op. cit., 260 p.
41 Ibid., p. 195.
42 Jean nous parle du « chauvinisme bisontin ». Entretien avec Jean, salarié de Trivial Compost, le 9 mars 2012.
43 La redevance incitative au volume du bac a été instaurée en 1999 lorsque Robert Schwint était maire (1977-2001) et
Jean-Louis Fousseret a pris la relève et même prolongé la démarche entamée sous son prédécesseur.
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