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I. CONCEPTUALISATION

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I. 1. Vulnérabilité urbaine

La vulnérabilité tout comme l’aléa est un élément clé d’appréhension du risque. Il n’existe cependant pas de définition univoque du concept vulnérabilité dans la littérature scientifique (Kelly et Adger, 2000 in Fouche et Cherizard, 2005). Le mot vulnérabilité est dérivé de vulnérable, du latin « vulnerabilis », de « vulnerare », qui signifie « blesser », qui peut être blessé, être atteint par un danger extérieur. Par extension, il est synonyme de fragilité face à une menace. L’utilisation de ce concept foisonne aujourd’hui dans bon nombre de travaux, notamment dans le sens de la vulnérabilité des sociétés face à des risques d’origine naturelle ou anthropique. Cependant, certains auteurs l’ont utilisé dans le sens de la construction de vulnérabilités sociales et environnementales associées aux mutations urbaines. D’autres encore ont abordé la vulnérabilité, en utilisant certaines de ses composantes pour comprendre les transformations économiques, sociodémographiques ou institutionnelles.

Pour D’Ercole et al., (2009), les différentes approches du concept soulignent la complexité des villes qui se traduit par une vulnérabilité en forte mutation et qui s’intensifie dans la plupart des cas en raison de l’exposition croissante à des menaces du fait d’un fort étalement urbain, d’un développement urbain non planifié, donc qui n’est pas pensé sur le long terme, et d’une hausse de la pauvreté. C’est dans ce sens qu’ils traitent la vulnérabilité non seulement comme « la susceptibilité à subir des dommages, mais aussi la propension de la société urbaine à les engendrer, à les amplifier, à en faire les vecteurs de nouvelles vulnérabilités ». Ainsi, la vulnérabilité serait devenue beaucoup plus active que passive.

Thouret et D’Ercole (1996), pensent que la notion de vulnérabilité impliquent la fragilité face à une menace, elle nécessite la considération de deux aspects. Ces deux aspects renvoient à deux approches du système de la vulnérabilité que D’Ercole et al., (1994) décomposent dans l’analyse de la vulnérabilité en éléments vulnérables et en facteurs de vulnérabilité à partir de deux démarches sur lesquelles nous bâtissons le concept de vulnérabilité dans ce travail :

1. La démarche qualitative portant sur les facteurs de vulnérabilité. Elle vise à cerner la vulnérabilité à travers les différents facteurs qui ont tendance à la faire varier. Ici, la vulnérabilité apparaît comme la propension d’une société à subir des dommages en cas de survenance d’un phénomène naturel ou anthropique (Vulnérabilité physique).

2. La démarche quantitative portant sur les enjeux exposés. Elle se définie par le niveau d’endommagement suite à la survenance d’un aléa naturel ou anthropique. La vulnérabilité dans ce cas consiste à mesurer l’endommagement potentiel des éléments exposés (Vulnérabilité sociale).

Dans cette logique, Léone et al., (1996) décomposent les enjeux exposés en trois familles, chacune correspondant à une fonction d’endommagement, il s’agit de :

• Les Personnes, correspondant à la vulnérabilité corporelle. La vulnérabilité des personnes est également fonction de l’intensité de l’aléa et des facteurs de sensibilité intrinsèque et extrinsèques de personnes exposées (Léone et al., Op.cit.). La sensibilité intrinsèque fait référence aux facteurs perceptifs et cognitifs incluant la perception que les populations se font du risque et la connaissance des moyens de se protéger. Quant à la sensibilité extrinsèque, elle renvoie aux facteurs de protection que doit assurer les acteurs de la gestion des risques. Cet aspect renvoi à la qualité de la prévention et de l’organisation des secours en cas de catastrophe.

• Les Biens matériels, correspondant à la vulnérabilité structurelle. Cette composante dépend de l’intensité du phénomène créateur de dommage de la sensibilité et du degré d’exposition des éléments affectés.

• Les activités, correspondant à la vulnérabilité fonctionnelle. La vulnérabilité fonctionnelle dépend du niveau d’endommagement des fonctions assurant le déploiement de diverses activités (moyens de production).

C’est cette dernière conception de la vulnérabilité que nous retiendrons dans le contexte de notre étude, notamment l’analyse de système. Car la connexité entre les éléments vulnérables et les facteurs de vulnérabilité s’avère complexe. Ceci est d’autant plus critique que D’Ercole et al., (Op.cit.) soutiennent que toute analyse de la vulnérabilité, particulièrement dans un écosystème urbain qui tend à décupler et diversifier les facteurs de vulnérabilité peut difficilement s’affranchir d’une démarche systémique. La figure 3 retrace l’approche retenue pour caractériser la vulnérabilité de la ville de Douala.

Synthèse du concept de vulnérabilité urbaine

Figure 4 : Synthèse du concept de vulnérabilité urbaine

I.2. Résilience

A l’origine usitée dans le jargon mécanique et balistique, la notion de résilience désigne le degré de résistance aux chocs des matériaux. Depuis la deuxième moitié du XXème siècle, la notion n’a cessé de s’étendre à plusieurs disciplines des sciences sociales au rang desquelles la géographie des risques, notamment les cindyniques. Ce n’est que très récemment qu’elle a commencé à investir différents champs d’analyses scientifiques(5).

La résilience est définie comme la capacité d’un système à intégrer une perturbation ou un stress dans son fonctionnement, à s’adapter, voire à être renforcé par cette perturbation (Holling, 1986, in Aschan-Leygonie C. et Baudet-M. S., 2009). Autrement dit, la résilience est la capacité d’une société à retrouver un équilibre mis en péril par la survenance d’un phénomène naturel ou anthropique créateur de dommages. En revanche la capacité d’une ville, et de ses acteurs, à faire face à l’aléa définit son degré de résilience, c’est-à-dire sa réaction à la perturbation ou au stress, en termes d’ajustement et d’adaptation.

La résilience est aussi perçue comme un déterminant de la vulnérabilité (MC Carthy, 2001; Pelling, 2003; Green, 2006 in Aschan-Leygonie et Baudet-M., 2009). La résilience est donc considérée comme le revers de la médaille de la vulnérabilité, car un système est résilient s’il est moins vulnérable et réciproquement. C’est dans cette logique que dans les théories de l’adaptation, (adaptive capacity) développées à l’origine dans le Protocole International sur le Changement Climatique (UN IPCC 2001), la résilience des sociétés au changement climatique dépend de l’état des connaissances, du progrès technique, de la capacité des individus à s’organiser pour se protéger des risques et de la capacité des sociétés à innover. Elle reflète l’aptitude à l’auto organisation, à l’apprentissage, à l’adaptation (Folke et al. 2002), aptitude liée à la capacité de régénération après la crise. L’enjeu de la résilience est donc actif, dynamique et s’évalue dans les actions concrètes entreprises dans ce sens.

Ainsi on considérera dans le cadre de cette étude que la résilience d’une ville tient dans la capacité des Collectivités Territoriales Décentralisées et des services déconcentrés de l’Etat à mettre en place des mesures spécifiques, qu’elles agissent sur l’aléa ou sur la vulnérabilité, dans une perspective de développement durable. D’autant plus que traiter de la résilience c’est admettre consciemment ou pas que l’aléa frappera quelque soit les mesures préventives. Dans cette perspective, la résilience des systèmes de vulnérabilité sera définie comme la capacité des acteurs de ce système à :

– Connaître les enjeux exposés et les facteurs de vulnérabilité du territoire
– Agir pour faire face aux risques
– Réagir pour s’adapter via des stratégies concrètes de développement durable

Delà, le déploiement des études de résilience semble être l’une des bases indispensables à la définition des objectifs d’une bonne gestion des risques en milieu urbain.

Synthèse schématique du concept de Résilience

Figure 5 : Synthèse schématique du concept de Résilience

5 C’est en 2001 que La Résilience Alliance est institutionnalisée, il s’agit d’un consortium de scientifiques de différentes disciplines qui se sont regroupés pour étudier les dynamiques des systèmes socioécologiques.

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