Les pressions anthropiques désignent les effets générés par l’occupation et les activités humaines sur les écosystèmes. La relation entre les pressions anthropiques et les mouvements de masse semble due à la conjonction d’un certain nombre de causes : La démographie galopante s’opère dans un milieu urbain où règne la spéculation foncière dans un contexte de pauvreté et en l’absence d’outils réglementaires de planification urbaine. Il s’en suit la ruée des populations vers les zones à risque dont les pentes présentant une certaine fragilité naturelle des sols.
Les mouvements de masse se matérialisent dans la ville par des mouvements rapides qui se manifestent par des glissements superficiels localisés affectant le matériau argilo-sableux (Tchotsoua, Op.cit.). Les matériaux déplacés atteignent des accélérations brutales, ceci explique les dégâts généralement observés en contrebas. La profondeur des surfaces de rupture sont habituellement de quelques mètres (environ 8 à 10 mètres). Ces risques existent pour les habitations situées sur ou en contrebas des pentes quasi-escarpées du plateau de Bassa et celle à proximité des ravins, essentiellement dans le Bassin versant du Tongo-Bassa (Tableau 7). Les cas les plus catastrophiques de mouvement de masse (ayant causé des pertes en vies humaines) ont eu lieu au Quartier Madagascar en 2005, en 2009, faisant 3 morts dans la zone située en aval des installations industrielles du Complexe Chimique Camerounais, lieu dit « CCC ».
L’expérience des évènements passés dans la ville de Douala montre que les accidents des personnes dus à ce phénomène peu fréquents mais possible.
Photo 9 : Habitation détruite par le glissement de terrain, située en contre bas de la pente © OLINGA, 2009.
Photo 10 : Matériaux arrachés de la niche de décollement ayant servis à la destruction de l’habitation. © OLINGA, 2009.
Les photos 9 et 10 présentent le glissement de terrain qui a fait une victime suite à l’ensevelissement d’une habitation au quartier Madagascar en 2009. A droite (Photo 9), l’on observe l’habitation détruite, située en contre bas de la pente à environ 6 à 7 mètres de la niche de décollement. A gauche (Photo 10), on observe les matériaux arrachés de la niche de décollement et ayant servis à la destruction de l’habitation.
II.1. Les causes majeures
II.1.1. Les caractéristiques physiques du milieu
Les glissements de terrain dans la ville de Douala sont liés aux caractéristiques du milieu physique, notamment le site topographique, la nature des sols et la pluviométrie (Tchotsoua, 2007). Les fortes précipitations agissent dans ce cas comme facteur de déclenchement en augmentant la pression interstitielle dans le sol. A titre d’exemple, les fortes précipitations du 31 août 2007 avec une hauteur de 180.9 mm ont entraînées des importants dégâts à la cité SIC des Palmiers, ainsi que dans d’autres quartiers de la ville. La ville de Douala bâtie sur un site initial propice aux constructions (plateau Joss) s’est étendue de façon spontanée sur de zones impropres à l’habitat comme les fortes pentes. Cette situation a conduit à une morpho-dynamique accélérée.
Ces aspects liés aux caractéristiques physiques du milieu seront repris plus en détail dans la section III.
II.1.2. Les aménagements inconséquents
Les pressions anthropiques ne sont pas à négliger car celles-ci jouent un rôle primordial. La croissance accélérée de la population urbaine et divers aménagements inconséquents en l’absence d’une gestion planifiée de l’espace, couplée à l’ambiguïté du système foncier de la ville aggravent les vulnérabilités aux risques morpho-dynamiques dans un contexte global de changement climatique. De ce fait, le phénomène est avant tout considéré comme une réponse du milieu aux pressions anthropiques. En effet, l’augmentation de la charge en amont de la pente est liée aux actions anthropiques à travers les constructions anarchiques d’habitations et les terrassements le plus souvent pour les fondations. Celles-ci sont mal pensées, avec pour conséquence la diminution des appuis au pied de pente et les glissements qui s’en suivent.