Maison d’Arrêt et de Correction (ou prison), voilà bien six mots qui, rassemblés, font peur à plus d’un. L’imaginaire populaire, en effet, réserve une mauvaise réceptivité à ces vocables. Aussi, tout ce à quoi ils font référence (détenu, ex détenu, enfants de détenu, épouse de détenu, ascendants de détenu, agent de l’administration pénitentiaire, etc.) est d’emblée frappé d’anathème. Cette mauvaise perception de la prison est de plus en plus accrue par les méfaits commis et relatés à longueur de journée par la presse. Celle-ci, malheureusement, fait abstraction de ce qui advient des infracteurs après leur arrestation et condamnation. En effet, la presse, tout comme le public, ne s’intéresse à la prison que lors de la survenue d’un incident (évasion-mutinerie) ou lors de la détention d’une personne politique ou fortunée.
Pis, même les décideurs politiques et judiciaires semblent touchés pas cette relation farouche avec la prison. Excepté ces cas d’évasion, d’incarcération d’homme politique, de mutinerie etc., rien de la prison n’est objet de réflexion, de conversation, de prévention :
« Evasion massive à la MACA », « Plusieurs détenus se font la malle à la prison d’Agboville », « 2000 ex combattants formés pour être agents pénitentiaires », « Laurent AKOUN à la MACA » et dernièrement « Le premier ministre assiste à la remise d’épaulette des ex combattants » etc. Ce ne sont là que quelques titres des journaux relatifs à la prison. Et après….. ? Rien !
Cette institution de l’Etat de côte d’ivoire se trouve exclue des priorités et semble l’appendice des projets de développement du pays. La période post crise n’est pas encore très loin de nos mémoires lorsque tous, souhaitions que les prisons soient réhabilitées afin que l’insécurité (attaques de personnes morales et physiques, des biens etc.) prennent fin ou, à tout le moins, soient amoindries ! Les prisons ont été rouvertes et l’insécurité a véritablement baissée. Et après….. ? Silence !
Ces temps-ci, l’on ne parle de la prison que parce que ce secteur a été choisi par les autorités pour réintégrer des ex combattants. Cependant, évoque t-on ce qu’ils y feront comme travail ? Evoque t-on la qualité des travailleurs de ce milieu sensible et difficile en terme d’activités, en termes d’apport à la sécurité et à la cohésion sociale ? Evoque t-on ce que devient le détenu après sa condamnation ? Evoque t-on la vie post prison de ces jeunes, adultes, femmes enceintes ou vivant avec leurs enfants en prison etc. ? Assurément non…. ! Quels sont les moyens prévus pour « corriger » ces individus qui, par le non respect des lois, n’ont pas été de bons citoyens ?
Une fois qu’une décision judiciaire est prononcée, « justice est faite », estime t-on !
Cependant…
La prison est un monde clos avec une image sociale méprisée. Ceux qui y travaillent n’ont pas le même degré de considération sociale que les autres fonctionnaires ; ceux qui en sortent se cachent ou taisent leur passé carcéral ; ceux qui y vont pour des visites à des parents se cachent également. Bref, la prison effraie par sa spécificité, par sa population, par l’opacité de son fonctionnement et surtout par le rapport d’exclusion que la société entretient avec elle, avec sa population et avec ses animateurs.
Or, la prison est une institution étatique, régie par des lois votées à l’assemblée nationale, administrée par des fonctionnaires affectés, nommés et rémunérés par l’Etat. Ses attributions lui confèrent une importance sécuritaire et socio thérapeutique. Elle est, de par sa position de rééducation et de réinsertion, un médiateur entre une situation de pathologie sociale (de déficit de citoyenneté) et un état de guérison comportementale (?). Ces valeurs de la prison, bien que réelles ne sont point relayées, médiatisées ; toute chose qui concoure à la maintenir dans l’inconsidération générale, étatique et dans l’exclusion sociale.
Or la prison vit :
1. Les enfants de personnes incarcérées
2. Femmes et prison
3. Maternité en prison