Paragraphe1 : Contexte et problématique
A) Contexte et justification
Le bouleversement économique actuel engendré dans le monde par la
globalisation financière, marginalise les pays en développement en l’occurrence les
pays d’Afrique subsaharienne dans les relations économiques internationales. Dès
lors, la formation des pôles économiques dans le monde à travers l’intégration
économique complète, a fait nourrir aux pays africains et en particulier aux pays de
l’Afrique occidentale unis par une histoire commune (colonisation), l’envie de se
mettre en coopération.
De ce fait, ayant hérité d’une union monétaire (UMOA est créée en 1962) au
lendemain des indépendances, certains pays tels que : le Bénin, le Burkina Faso, la
Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo, décidèrent le 10 janvier 1994 de
l’unification de leurs économies (UEMOA).Par la suite la Guinée Bissau adhère à
cette union le 02 mai 1997.
L’objectif assigné à cet espace économique ainsi créée est de favoriser la
croissance économique et le développement à travers les axes cibles suivants :
· le renforcement de la compétitivité économique dans le cadre d’un marché
ouvert et communautaire ;
· la convergence des politiques et des indicateurs de politiques
macroéconomiques ;
· la création d’un marché commun ;
· la coordination des politiques sectorielles ;
· l’harmonisation des politiques budgétaires(1) .
L’intégration des économies de ces huit pays disposant d’une population
estimée à 82 millions d’habitants s’avère indispensable. La réalisation de cet objectif
passe par l’usage d’une monnaie unique et une unification complète de leurs
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Mémoire de maitrise réalisé et soutenu par : HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré 6
économies. Cet objectif ne peut être atteint si l’UEMOA en son sein ne constitue pas
une ZMO. C’est pour répondre à cette préoccupation que nous nous proposons de
réfléchir sur le thème : « Analyse de l’optimalité de la zone monétaire UEMOA
dans un contexte d’intégration ».
B) Problématique
Sous l’effet des impératifs qu’exigent la mondialisation, et ses retombées
néfastes sur « les petites nations », les pays de la zone UEMOA se sont engagés sur
la voie de la création d’un espace économique viable où tous les pays membres
amorceront les bases d’un sentier de croissance économique durable et soutenable.
Le socle de la réalisation de cet objectif qu’est le développement équitable et durable
des pays membres passe par l’émergence d’un certain nombre de conditions. Il
s’agit de l’existence des critères propres et propices à une ZMO, afin que l’UEMOA
soit un véritable moteur d’intégration et de développement durable ; avec pour valeur
essentielle l’efficience axée sur la rigidité d’un taux de change (TC) commun.
L’absence de ces critères fera biaiser l’atteinte de l’objectif d’un
développement endogène dans l’ère de la globalisation des économies. De même
les structures économiques et financières hétérogènes souvent à l’origine des
rigidités dans la conduite du processus d’intégration, pourraient créer des
différences non désirées sur les économies des pays membres.
Face à la situation mitigée de l’UEMOA dans sa marche vers une intégration
économique, il urge d’élucider cette préoccupation à savoir : l’UEMOA est- elle une
ZMO ? C’est à ce niveau que réside la problématique de cette recherche. A la
lumière des soubassements théoriques et des travaux empiriques cette question de
l’étude sera appréhendée à travers les questions spécifiques que voici :
· Quel est le niveau des échanges intra UEMOA ?
· Quel est l’état de convergence des économies de l’UEMOA ?
Le cadre théorique nous permettant d’appréhender cette question de
recherche est la théorie des Zones Monétaires Optimales.
Paragraphe 2 : Revue Critique de la littérature
L’architecture de l’économie mondiale contemporaine, notamment avec
l’éclosion des regroupements régionaux, a fait renaître le débat sur les ZMO. Cette
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Mémoire de maitrise réalisé et soutenu par : HOUNGBEDJI Sèwanoudé Honoré 7
théorie des ZMO, s’inscrit dans le cadre de la macroéconomie keynésienne des
années 1960. Elle est née du débat en cours sur les avantages et coûts liés à un
régime de change (change fixe et flexible).
En effet, à la suite d’une relative stabilité du Système Monétaire International,
le débat sur la supériorité d’un régime de change s’instaure. Selon les tenants
du change flottant, si les prix et salaires sont flexibles, une variation du taux de
change est peu coûteuse pour corriger les déséquilibres extérieurs et permettre une
flexibilité de la politique économique pour tous les pays.
C’est dans ce contexte que le Professeur R. MUNDELL (1961) expose la
théorie sur les conditions d’optimalité d’une zone monétaire (ZM).
A) Le coeur de la théorie
La problématique était de savoir, à partir de quel moment deux pays, ont
intérêt à se lier entre eux par un système de change fixe.
Sous les hypothèses de flexibilité des prix et salaires, une mobilité de travail
entre pays et une immobilité des capitaux, ces facteurs rendent moins nécessaires
les modifications du taux de change pour restaurer la compétitivité internationale et
l’équilibre extérieur. Ainsi donc, le passage des travailleurs d’une région A à
chômage élevé vers une région B à faible chômage tend à uniformiser les salaires et
les coûts.
Le Professeur R. MUNDELL définit donc une ZMO comme étant un espace
monétaire à l’intérieur duquel, les régions qui le composent n’ont pas besoin du taux
de change (TC) commun, comme instrument d’ajustement pouvant être utilisé pour
les résorptions des déséquilibres consécutifs à des chocs asymétriques internes et
externes qui frapperont les Etats membres de la zone. L’adoption d’un taux de
change fixe de façon irréversible et d’une monnaie unique entre les pays est la
condition sine qua non d’appartenance à une union monétaire (UM). Lorsque les
pays d’une UM renoncent à utiliser le TC comme instrument de politique
économique, d’autres critères permettent de juger de l’optimalité d’une ZM. Ces
derniers découlent des mécanismes d’ajustement susceptibles de surplanter le TC.
Au nombre de ces critères on a :
→ Le degré de mobilité du travail
Proposé par R. MUNDELL (1961), la mobilité du facteur travail, pourrait se
substituer à la flexibilité du taux de change nominal (TCN).
En effet, l’ajustement des déséquilibres se réalise par un transfert de
ressources humaines d’une région A en récession vers une région B en expansion.
Ce qui permet, dans un système de change fixe, la résorption du chômage et le
déficit commercial en A. Par contre, il est observé une hausse des salaires dans la
région B sans faire recours à l’usage du TC.
→ Degré d’ouverture
En complétant cette analyse de MUNDELL, McKINNON (1963) ajoute que
c’est le degré d’ouverture de l’économie, mesuré par le rapport des biens
échangeables et les biens non échangeables qui doit motiver l’appartenance d’une
économie à une UM.
En effet, plus l’économie est ouverte, plus les prix nationaux sont soumis aux
effets de variation du TC. Ces effets peuvent provoquer des modifications des coûts
notamment celui de la main d’oeuvre. Une parité fixe est donc préférable pour les
économies ouvertes du fait que les variations du TCN auraient sans doute des effets
sensibles sur leur compétitivité réelle. Par conséquent, les économies ouvertes ont
intérêt à constituer une ZM afin d’éliminer les risques de changes qui sont sources
de fortes instabilités financières et économiques.
→ Degré de diversification des productions
KENEN (1969) montre que la mobilité du travail n’est pas un critère
satisfaisant de la ZMO car elle est rarement parfaite. Mais si la structure de
production est diversifiée, un choc négatif sur la demande d’un type de bien ou d’un
secteur d’activité, aura un effet moindre. Ceci résulte d’une faible fraction d’emploi
détenue par chaque type de bien ou de secteur dans l’économie.
De même, les chocs ne peuvent atteindre simultanément tous les secteurs de
l’économie. Si le TC est utilisé comme instrument de stabilisation, les variations
seraient plus importantes dans une économie non diversifiée. Dans une économie
diversifiée les chocs extérieurs se compensent plus facilement et l’instrument du TC
sera moins utilisé. On dit que ces économies sont mieux armées que les autres pour
participer à une UM. Ces trois critères d’optimalité d’une ZM, constituent la phase
pionnière de la théorie traditionnelle des ZMO [MONGELLI ,2002].
Néanmoins, d’autres critères tels que : l’intégration financière et la similarité des
taux d’inflation viendront renforcer cette théorie traditionnelle des ZMO.
En effet, pour INGRAM et JOHNSON (1969), l’intégration financière rend
moins nécessaire les modifications des coûts relatifs entre pays via l’ajustement du
TC. La libéralisation financière permet de corriger les déséquilibres de la balance de
paiement sans pression sur le TC et les taux d’intérêt. Cette approche se fonde sur
le fait que les capitaux sont plus mobiles que la main d’oeuvre pour financer les
déséquilibres intra régions. Ainsi, si la fluidité des capitaux entre pays excédentaires
et les pays déficitaires est assurée dans le même espace, cette ZM est optimale. Ici
l’optimalité d’une UM est appréciée lorsqu’elle est totalement intégrée du point de
vue financier.
GIOVANNI et MAGNIFICO (1973) soutiennent la similarité dans les taux
d’inflation entre les pays comme une condition d’optimalité d’une ZMO.
En effet, cette similarité rend moins nécessaires les modifications des TC
(réévaluation ou dévaluation) vis-à-vis des autres monnaies pour restaurer la
compétitivité internationale.
Il ressort de ces analyses que ces critères ont pour avantage l’élimination du
risque de change et pour inconvénient la perte de la souveraineté monétaire. Cette
théorie traditionnelle des ZMO surestime le rôle du TC dans l’ajustement des chocs.
Ces auteurs de la phase pionnière ont posé la question de l’arbitrage entre le TC fixe
et flexible pour un espace économique. Ils concluent qu’une UM ne serait
concevable de manière optimale que pour les régions affectées par des chocs
symétriques et qui disposent face à des chocs asymétriques, des mécanismes
d’ajustement automatique.
Force est de constater que cette théorie traditionnelle des ZMO, n’offre pas un
cadre global pour juger de l’ensemble des coûts et bénéfices de l’UM. Elle se
concentre sur les coûts macroéconomiques qu’engendre l’abandon de l’instrument
du TC. De même, elle ne permet pas de déterminer un seuil à partir duquel l’UM est
bénéfique pour un pays. Ces éléments d’insuffisance sont à l’origine du
prolongement empirique de cette théorie des ZMO.
B) Prolongement empirique
Ce prolongement empirique repositionne la problématique autour des enjeux
de l’UEM. Dans cette nouvelle approche, il ne s’agit plus de déterminer les critères
d’optimalité d’une ZMO, mais d’identifier les coûts et bénéfices liés à l’UEM.
L’enjeu d’une UM s’analyse autour de deux aspects :
· une UM est – elle optimale ?
· un pays a-t-il ou non intérêt à intégrer une ZM existante ?
Ces enjeux posent le problème de la stabilité (interne et externe) des structures.
Plusieurs courants d’idées aussi complémentaires vont enrichir la littérature
économique en la matière.
- P.KRUGMAN, et M. OBSTFELD (2000)
Pour ces auteurs, l’analyse coût – bénéfice pour un pays de rejoindre une ZM
à TC fixe dépend de la mesure dans laquelle son économie est bien intégrée à celle
de ses partenaires potentiels. Il en résulte que le seuil critique d’intégration d’un pays
est en corrélation négative avec la perte de stabilité économique résultant d’une
perturbation sur le marché des prix. De même, ce degré d’intégration est en
corrélation positive avec le gain d’efficience monétaire. De ce fait, un pays intégrera
une ZM lorsque son gain d’efficience est supérieur à sa perte de stabilité
économique. L’adhésion n’est avantageuse qu’au-delà d’un seuil critique
d’intégration. Ils définissent enfin une ZMO comme un groupe de régions dont les
économies sont étroitement liées par les échanges de biens et pour la mobilité des
facteurs de production.
- BAYOUMI (1994)
Il propose l’analyse de la ZMO dans un Modèle d’Equilibre Général (MEG)
dans lequel les prix et les salaires sont rigides.
En effet, dans son modèle à plusieurs régions il aboutit aux résultats
suivants : d’une part l’UM accroît le bien-être intérieur de la zone tandis qu’elle le
réduit à l’extérieur et d’autre part l’adhésion accroît les bénéfices des adhérents
précédents. De même, le gain net de l’UM dépend de plusieurs facteurs tels que : la
taille économique de l’espace, la corrélation des chocs, la mobilité du travail, le
niveau des coûts de transaction et des relations entre les niveaux de demande des
biens dans les différentes régions.
- RICCI (1997)
Présenté sous le MEG avec les mêmes hypothèses que BAYOUMI, ce
modèle vise à déterminer si l’Union Européenne est une ZMO. Pour ce faire,
il s’intéresse à mesurer le degré du commerce intra Union Européenne, l’asymétrie
des chocs et étudie les facteurs d’ajustement pouvant remplacer l’instrument du TC.
La résolution de son modèle nous renseigne que lorsqu’il y a une croissance
des économies, en accroissant l’ampleur des chocs réels, ceci réduit le bien être net
de l’UM. Malgré la pertinence de ses conclusions, son modèle n’a pas pu lever
l’équivoque.
- HELPMAN (1982)
Le MEG, avec marché financier imparfait qu’il a développé montre qu’il est
difficile de s’assurer contre les chocs affectant le revenu du travail. Dans ce contexte,
les fluctuations monétaires résultant des chocs réels, engendrent des variations du
TC. Ces variations ne sont bénéfiques que si elles créent des opportunités
d’assurance dans les échanges d’actifs nominaux.
– NEUMEVER (1998)
Dans la même vision que HELPMAN, il étend l’analyse aux chocs politiques. Il
montre que les chocs politiques (décisions politiques) diminuent l’efficacité des
marchés financiers. Il conclut que l’adhésion à une ZM améliore le bien-être si les
gains issus de l’élimination du risque de change excèdent le coût des divers
instruments financiers dans l’économie.
- EICHENGREEN (1997)
Il détermine un indice de l’optimalité d’une ZM. Cet indice est la pondération
des indicateurs suivants : asymétrie des chocs, importance du commerce bilatéral,
taille économique des pays. Il aboutit à un résultat selon lequel le coût de l’UM est
faible si le degré de symétrie des chocs est grand. Cette approche est fondée sur le
fait que les mouvements de production reflètent à la fois l’influence des chocs et les
réponses de politique économique. Par la méthode «auto regressive vector» et la
procédure de décomposition appliquées à cet effet, il est permis d’identifier les chocs
d’offre, de demande et de les différencier des réponses aux chocs.
Néanmoins, cette méthode est remise en cause car elle ne permet pas
d’identifier l’origine des chocs. De même le problème posé par l’abandon de
l’instrument du TC ne tient pas seulement à l’asymétrie des chocs mais aux réactions
des économies face à un choc commun.
L’analyse des théories de la ZMO issue des prolongements empiriques nous
laisse à notre soif. Ces approches ne sont pas réellement novatrices puisque les
arguments mis en avant sont très similaires. La détermination des coûts et bénéfices
liés à l’UM est difficilement quantifiable pour juger de l’optimalité d’une ZM. Cette
situation amène à un réexamen de la théorie.
C) Réexamen de la théorie
Les critiques sur les hypothèses et conclusions ont engendré une
reformulation de la théorie des ZMO. Le cadre théorique est remis en cause en
raison de son manque d’unification et de son caractère restrictif.
En effet, la littérature économique révèle que cette théorie (Théorie
traditionnelle et les prolongements empiriques) est régie dans :
- un cadre non unifié.
On y détecte une contradiction interne. A titre illustratif, une petite économie
ouverte se doit d’adopter un change fixe (selon le critère d’ouverture de KENEN,
1969). Cependant, une petite économie a toutes les chances d’être peu diversifiée et
devrait opter pour un change flottant (KENEN, 2003b). Ceci révèle un manque de
cohérence dans le cadre analytique. Cette contradiction dans les conclusions est
due aux différences dans les hypothèses et sur la source des déséquilibres
(TAVLAS ,1994).
De même, si la mobilité du travail peut favoriser la concentration de la
production, ce critère de mobilité du travail peut donc s’opposer aux critères de
diversification des structures productives (GROS, 2003).
- un cadre restrictif
La théorie traditionnelle des ZMO se concentre sur deux pays et omet les
chocs extérieurs (variation du TC). Il est probable que, la politique monétaire menée
par les principaux pays partenaires non membres influence le bien-être de la ZM.
Les études empiriques ont montré que l’instrument du TC comme mécanisme
d’ajustement est moins efficace. Il permet un ajustement face aux chocs sous
certaines conditions. En effet, une variation du TCN ne permet l’ajustement que si
dans le premier pays, le même niveau de dépréciation est requis vis-à-vis du
RDM. Dans le second pays, aucune modification du TCR n’est viable (Mélitz, 1995).
- l’endogénéité des critères
L’analyse des critères de la ZMO est basée sur des hypothèses statiques. Les
critères peuvent évoluer dans le temps et sont affectés par le processus même
d’intégration économique. L’intensité du commerce et le niveau de corrélation des
cycles entre pays constituent deux critères des ZMO. La formation de l’UEM
pourrait influencer le niveau de ces deux critères à l’intérieur d’une ZM. Les études
empiriques sur l’Union Européenne révèlent que l’intégration économique et
monétaire a pour effets de renforcer les échanges et rend les chocs plus
symétriques(2).
Cette réalité amène les économistes notamment P.KRUGMAN à parler
d’endogénéité des critères d’une ZMO. Il en découle que, même si un ensemble de
pays ne remplit pas les critères d’une ZMO ex ante, il est possible qu’il les remplisse
ex post.
- alternative de l’UEM
Le TC est un instrument efficace de stabilisation en raison de l’hypothèse
keynésienne qui régit la théorie des ZMO. Lorsque ces hypothèses ne sont plus
vérifiées le TC :
o n’est plus toujours efficace. Il est efficace lorsque la variation du
TCN se répercute sur la compétitivité et n’est pas compensé par les variations
du prix ;
o peut générer des chocs sur le marché des titres, compte tenu des
anticipations des agents économiques. Ces anticipations se font de façon
mimétique et créent des bulles spéculatives, sources des crashs boursiers
(BUITTER, 2000) ;
o peut être un instrument dangereux de crise.
En effet, dans la théorie traditionnelle des ZMO, il y a absence de mobilité des
capitaux. Or dans un contexte d’extrême mobilité des capitaux, un pays ne peut donc
pas avoir à la fois un TC stable et une politique monétaire indépendante. [Triangle
d’impossibilité de MUNDELL]. Cette contrainte pèse sur les économies et se traduit
par les crises de change [crise du Système Monétaire Européenne, Mexicaine,
Asiatique]. Ainsi donc, l’adoption d’un change flottant constitue la nouvelle
alternative.
Il ressort de l’analyse de ces insuffisances que la théorie traditionnelle des
ZMO focalise son attention sur les coûts et donne peu de chance aux bénéfices
découlant d’une UEM. De ce fait, elle ne peut être considérée comme un cadre
complet d’analyse d’une UEM. On y décèle la non référence aux relations entre pays
membres et les tiers (RICCI, 1997). La prise en compte des interdépendances entre
les pays membres conduit à l’analyse de la stabilité de l’UM par une coordination
internationale des politiques économiques. Cette coordination prend en compte les
problèmes d’externalités (en les internalisant). Elle aboutit en général à un bien-être
supérieur pour l’ensemble des pays. Cette nouvelle donne paraît aux yeux des
économistes l’outil d’analyse de l’optimalité d’une ZM.
BOURGUINAT et KINDLEBERGER (1999) ; s’inscrivant dans cette logique
montrent que les pays qui ont des relations commerciales intenses et qui acceptent
un même compromis en matière de politique économique; remplissent les conditions
d’optimalité d’une ZM. En d’autre terme, l’intensification des échanges au sein d’une
UEM donnée est une condition nécessaire mais non encore suffisante pour la
formation d’une ZMO. A l’épreuve des faits et en s’inspirant de l’expérience de l’UE
la plus plausible, la convergence des économies parait ainsi une condition suffisante
afin de rendre optimum un espace économique et monétaire. Sur ce, ce paradigme
pourrait être un outil d’analyse de l’optimalité d’une ZM dans un contexte
d’intégration. Ainsi donc, l’analyse de l’optimalité de la zone monétaire l’UEMOA se
fera sous deux approches :
- l’approche d’échange intra zone ;
- l’approche convergence des économies.
1 Voir traité de l’UEMOA, article 4
2 Rapport du commission Européenne 1990
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