« Le discours de l’idéal peut se transformer en discours de l’illusion et la relation
d’aide se trouve prisonnière de cette réalité où l’organisation apparaît en tant que
symbolisation et relais institutionnel qui ne répond pas à la demande des usagers.
Ce qui engendre un malaise qui va évidemment se répercuter sur la relation d’aide,
sur les travailleurs et sur l’organisation elle-même. »(71)
Dans la relation d’aide au Clos Saint-Rémi, les travailleurs se trouvent souvent
confrontés aux limites de leur mission principale qui est la recherche du bien être
individuel du pensionnaire, allié au bien-être de la communauté.
Cependant certaines situations dans lesquelles le professionnel ne trouve pas
d’issue provoquent un sentiment d’impuissance et par conséquent un malaise
relationnel vis-à-vis de ses collègues.
Par Exemple, madame X, 78 ans réside au Clos depuis 2010. Elle commence
tout à coup à fumer dans sa chambre, à piquer de l’argent dans les chambres
voisines pour s’acheter des cigarettes. Malgré les interdictions et des
avertissements, tant des travailleurs, de la direction que de son administrateur
provisoire de biens, madame X continue. Cette situation provoque d’abord un
malaise relationnel entre les résidents qui, au départ s’accusaient
mutuellement de vol. Le renom puis le renvoi de madame X du Clos donne aux
travailleurs l’impression de n’avoir pas bien fait leur travail. Le fait de la
renvoyer du Clos tout en sachant qu’elle ne trouvera pas facilement de place
ailleurs provoque aussi un malaise entre travailleurs.
Le malaise est aussi bien présent lorsqu’on a l’impression que certains acteurs
profitent du système au lieu de bien faire leur travail.
J’ai personnellement constaté que certains administrateurs de biens ne font
que prélever leur pourcentage à la fin du mois et ne se préoccupent pas des
soins ou de la santé de leur protégé. Ils ne se soucient pas de déposer les
attestations de soins à la mutuelle pour des remboursements. Ils ne passent
jamais au Clos pour ne fût-ce que parler avec leur protégé ou pour une petite
visite. Ils ne se soucient pas de transmettre la situation financière au Clos
lorsque les comptes sont presque vides.
Ce genre de situation met à mal la relation entre l’institution et les administrateurs
provisoires de biens. Cette relation est censée être en permanence dans de bons
termes puisque les deux entités travaillent ensemble pour le bien-être du
pensionnaire.
71 R. SAFI, op cit. P 65.
Page suivante : VI.3. La compréhension de la relation d’aide