Tout d’abord, la première révolution industrielle voit la structure géographique des villes se
modifier en profondeur, à l’instar des grands travaux haussmanniens à Paris. De surcroît, l’exode
rural et l’étalement de l’habitat pavillonnaire à la périphérie des villes créent des frontières de plus
en plus hermétiques entre ville et campagne et entrainent un déclin de l’agriculture et de l’élevage
périurbain. Ainsi, les centres urbains s’agrandissent et, « à partir des années 1880, les relations entre
ville, industrie et agriculture se détendent, tant spatialement que matériellement »(45).
Prenons l’exemple parisien à titre illustratif : les villages et la campagne qui entouraient le
centre historique de Paris sont absorbés par la capitale qui revêt progressivement la structure
géographique que nous lui connaissons aujourd’hui. Le 1er janvier 1860, une loi permet à Paris
d’annexer plusieurs communes voisines. La capitale française passe ainsi de douze à vingt
arrondissements et de 3 438 à 7 802 hectares. Après ces annexions, les limites administratives de la
ville ne seront que peu modifiées et la croissance urbaine, qui continue toujours à la fin du
XIXe siècle et au XXe siècle, ne s’accompagnera donc plus d’une expansion des frontières
communales, ce qui est à l’origine de la « banlieue »(46). Les surfaces agricoles cèdent peu à peu leur
place aux habitats pavillonnaires. Ce processus est valable pour les grandes villes à la fin du XIXe
siècle et s’étendra aux petites à partir de la deuxième moitié du XXe siècle.
Parallèlement, l’activité industrielle cesse de se concentrer dans l’enceinte de la capitale et
est délocalisée en banlieue ou en province, rompant ainsi les liens entre ville et industrie qui
permettaient jusqu’alors la valorisation de certains excréta urbains.
45 Ibid., p. 135
46 LE CLÈRE Marcel, Paris de la Préhistoire à nos jours, Paris : Bordessoules, 1985, p. 510-517.